Craquements, grincements, douleurs de la mâchoire, troubles ORL : les problèmes d’articulation temporo-mandibulaire (ATM), deviennent de plus en plus fréquents ! De plus en plus de personnes y sont confrontées dont deux fois plus de femmes.

Les symptômes et douleurs associés peuvent devenir très handicapants au quotidien. Manger, parler peuvent également devenir difficile et la mâchoire finit par ne plus trouver de position de repos. Cela entraîne alors grand nombre de compensations et devient la cause d’un large éventail de symptômes.

Revenons ensemble sur certaines notions pour éclairer une symptomatologie trop souvent laissée de côté.

 

Pourquoi la mâchoire craque ?

La mâchoire est composée de la mandibule qui supporte les dents du bas et qui vient s’articuler de part et d’autre du crâne, au niveau de l’os temporal, juste en avant du conduit auditif. Entre ces deux os se trouve un disque (ménisque) qui permet aux os de s’emboîter parfaitement et de permettre une bonne mobilité de la mâchoire. L’ATM est donc l’articulation qui relie la mandibule à l’os temporal.

Si la mâchoire craque, c’est parce que le disque se décale ! La plupart du temps cela est lié à une déviation de la mandibule. La mécanique étant perturbée, craquements et douleurs de la mâchoire font leur apparition.

 

On m’a parlé de stress et de bruxisme, pourquoi ?

Revenons rapidement sur quelques notions indispensables pour comprendre les douleurs de mâchoire et leurs compensations.

Quand on stress, le corps génère de l’énergie. Cette énergie, si elle n’est pas utilisée, va se retourner contre nous : c’est la somatisation. Exemple avec cette maxime populaire : « sers les dents, c’est un mauvais moment à passer ».

La mâchoire étant une zone très émotionnelle, il est très fréquent de somatiser à son niveau et de la serrer plus que nécessaire. Si cette action venait à se répéter trop fréquemment, de mauvaises habitudes peuvent se créer. Le réflexe de serrer la mâchoire s’installe et une hypertonie musculaire peut donc s’installer. Ce « réflexe » d’hypertonie de la mâchoire est appelé bruxisme. Le bruxisme peut être diurne et/ou nocturne. Il n’est pas rare de le voir accentué la nuit lorsque l’on est inconscient.

Il existe deux types de bruxisme :

  • Le bruxisme excentré : on sert les dents en faisant des mouvements latéraux. C’est le fait de grincer des dents (aussi appelé « grinding »).
  • Le bruxisme centré : on sert les dents sans mouvement latéral.

Dans les deux cas, cette énorme tension générée par l’hypertonie de la mâchoire va perturber le sommeil et être à l’origine de nombreuses compensations musculaires que nous allons détailler dans les développements consacrés au SADAM.

Il est à noter qu’un effet pervers neurologique va également être associé à cette hypertonie. Plus on serre la mâchoire, plus on va perdre de la sensibilité profonde par sur-stimulation des récepteurs sensitifs profonds de la mâchoire. En perdant de la sensibilité, une perte de contrôle est inévitable. Nous assistons donc à une perte de proprioception sur la mâchoire (la proprioception désigne la perception, consciente ou non, de la position des différentes parties du corps).

Face à un manque de proprioception, nous allons assister à une augmentation de la tension musculaire. Nous assistons à la création d’un cercle vicieux qui s’auto-entretient. Plus on serre, moins on a de proprioception, moins on a de proprioception, plus on serre. Plus on serre, plus on a de symptômes.

Pour casser ce cercle vicieux, une rééducation neuro-sensorielle devient indispensable afin de normaliser la mâchoire et son fonctionnement !

 

Troubles de la mâchoire : le SADAM

Le Sadam (Syndrome algo-dysfonctionnel de l’appareil mandicateur), également appelé syndrome de Costen, est un dysfonctionnement de l’appareil manducateur entraînant des douleurs localisées et/ou à distance ainsi que des problèmes mécaniques.

Le Sadam est d’origine multifactorielle, avec de nombreuses causes souvent imbriquées entre elles. Il découle d’un mauvais fonctionnement de la mâchoire et peut être la cause ou la conséquence d’une forte hypertonie (bruxisme) souvent associée à un trouble de l’occlusion dentaire.

Le diagnostic du SADAM peut être difficile en raison de la multitude de symptômes qui peut en découler. On estime qu’environ un tiers de la population présenterait des signes, dont deux fois plus de femmes que d’hommes. Le retard sur le diagnostic complexifie d’autant plus la prise en charge.

Les symptômes et compensations associées peuvent être les suivants :

  • Difficulté à ouvrir la bouche,
  • Craquements de la mâchoire
  • Douleurs et inflammations des ATM
  • Inflammation du conduit auditif
  • Maux de tête, céphalées de tensions,
  • Douleurs musculaires bilatérales de la mâchoire,
  • Cervicalgies,
  • Névralgies faciales
  • Névralgies cervico-brachiales,
  • Acouphènes,
  • Apnée du sommeil,
  • Troubles ORL divers
  • Sensations d’oreilles bouchées
  • Vertiges
  • Bruxisme
  • Douleurs dentaires
  • Fractures dentaires
  • Hypoacousie
  • Etc.

Ainsi, il n’est pas rare de découvrir que certains problèmes de mâchoire étaient déjà sous-jacents depuis de nombreuses années, mais que le lien avec certains des symptômes suscités n’avait pas été fait.

 

Est-ce que ça se traite ?

Oui bien sûr ! Le traitement devra être, la majorité du temps, axé sur plusieurs approches.

Tous les patients n’auront pas systématiquement besoin d’investiguer chacun des domaines ci-dessous et le traitement devra être adapté en fonction de chacun. Un bilan ostéopathique pourra être fait en amont afin d’apprécier l’ensemble des dysfonctions observées.  Un plan de traitement le plus individualisé possible pourra ensuite être mis en place ainsi qu’une prise en charge pluridisciplinaire au besoin.

Voici un rapide tour d’horizon des traitements proposés :

Rééducation neurosensorielle

C’est l’étape indispensable pour un traitement sur le long terme. Sans « casser » les mauvais réflexes d’hypertonie, les traitements n’auront que des effets à court terme.

Thérapies physiques

En manipulant la mâchoire, les différents muscles et, de manière générale, en agissant sur toutes les compensations, les symptômes pourront être soulagés rapidement mais les effets ne seront pas pérennes. C’est pourquoi il est important de combiner ces manipulations avec la rééducation décrite ci-dessus. L’ostéopathie, la kiné et l’acupuncture seront les thérapies les plus adaptées à ce genre de traitements.

Orthèse dentaire (gouttière)

Un appareillage dentaire (orthèse, souvent appelée gouttière) peut être prescrit par le chirurgien-dentiste ou le stomatologue. Le but est d’équilibrer la position de la mâchoire lors du bruxisme nocturne, permettant d’uniformiser les pressions et tensions et potentiellement diminuer les symptômes au réveil. Cela peut être un excellent complément à la rééducation.

Traitements médicamenteux

Dans certains cas, les médicaments antalgiques, anti-inflammatoires ou myorelaxants peuvent être envisagés pour améliorer la qualité de vie. Leurs effets ne sont malheureusement pas très efficaces sur les douleurs fonctionnelles qui découlent du SADAM. 

Chirurgie et orthodontie

Les opérations de la mâchoire sont très invasives et devront être envisagées uniquement après échec des autres techniques. Une opération peut être envisagée directement mais, de manière générale, elle ne doit pas être faite en première intention.

Plus d’informations ici.

Botox (toxine botulique)

En injectant du botox (toxine botulique) dans les muscles de la mâchoire, le but est de réduire la contraction des muscles élévateurs de la mandibule (masséters) par son effet myorelaxant. Cela peut être envisagé dans certain cas de bruxisme et SADAM très prononcés. Il faudra cependant profiter de l’accalmie découlant de l’injection pour traiter le problème à la source en rééduquant la mâchoire. A défaut, il faudra répéter régulièrement l’injection.

 

Les résultats du traitement au cabinet

Les résultats constatés dans le traitement des troubles de la mâchoire au cabinet sont très satisfaisants. Ce traitement sera axé sur la rééducation neurosensorielle et sur des techniques de thérapie manuelle ostéopathique afin d’observer un bienfait à court terme et un résultat définitif à long terme. Peu de consultations sont nécessaires et le traitement se fera avec la participation du patient. Un travail actif est nécessaire pour des résultats efficaces.

Le moment venu, il sera également possible de travailler en collaboration avec dentistes et stomatologues si le besoin s’en fait sentir. Notre équipe pluridisciplinaire permet de travailler efficacement et d’individualiser le travail en fonction de chaque patient.


N’hésitez pas à nous demander conseil en cas de doutes !

Cédric BONNET – Ostéopathe spécialisé dans les troubles de la mâchoire 

 

PRENDRE RDV EN LIGNE